A 16 km ouest de Tataouine, un amphithéâtre géant sculpté des siècles des érosions. Un jeu d’ombres et de lumières, Chenini reste discret.
Une fois découvert, il se montre en totalité : le ksar capte tout de suite l’attention : la mosquée avec son minaret vers le haut d’un ciel bleu cristal et pur. Les habitant de Chenini sont depuis toujours des berbères Zenata. Depuis l’époque romaine, les Zenata occupaient les plateaux du sud tripolitain jusqu’en Algérie. Il est très possible que la résistance berbère menée par Kahena soit faite avec leur soutien. A l’arrivée des hilaliens, ils sont les premiers à retirer dans le ksar construit en 590 après Hégire (fin du 12 ème siècle). Chenini a bénéficié de la protection des tribus Ouled Yacoub, Ouled Debbab et Ouderna, des tribus de plaine. Les guerres gagnées dans les vallées du djebel n’étaient pas suffisantes ; il fallait donc accéder à la plaine de Ferch et accepter le mélange avec les bédouines, comme tous les habitants du djebel. Le protectorat français place les habitants de Chenini avec ceux de Douiret à la tête de la circonscription berbère et les accorde les terres immenses dans la région du Dahar.
Le Ksar est un des plus imposants. Quelques parties sont des ruines, évidement les éléments les plus anciens. Les fouilles ont découvert une date inscrite en relief sur une cellule ; les chiffres sont clairs : 590 après Hégire (1193). Le ksar est donc très ancien et au moins une partie a été construite à un siècle après l’invasion hilalienne (1100).
La Mosquée des sept dormants
Un endroit tranquille d’une beauté rare…c’est la Mosquée des sept dormants qui constitue source d’inspiration pour plusieurs légendes.
Une d’entre elles explique l’aspect inhabituel des tombeaux géants situes près de l’ancienne mosquée partiellement souterraine. Persécutés par un empereur païen, les chrétiens se sont refugiés dans les grottes, assez nombreuses dans le voisinage de Chenini. Les « dormants » qui sont restés en vie et dont le corps continuait d’élever, ont vu la lumière du jour 4 siècles plus tard, quand les ouvriers ont détruit le mur. Les chrétiens se sont convertis à l’islam et à leur mort, les geants ont été enterrés près de la mosquée dans les tombeaux dont la dimension correspondait à la longueur des enterrés.
La toponymie locale permet l’association de cette légende avec un site voisin de ruines romaines connu sous le nom de Takyanos, nom qui nous conduit à Decius (Decianus), l’empereur cité dans cette légende.
L’origine de ces géants reste inconnue…
Texte et photos Irina Gros