Notre expérience auprès des personnes en souffrance psychologique nous a appris que la majorité des gens sont souvent insatisfaits de leurs relations avec les autres, notamment dans le cadre des relations amicales.
Relations amicales versus relations familiales
Savoir construire et conserver un réseau social et amical riche est une des compétences psychologiques les plus difficiles à acquérir. Si les relations familiales sont souvent conservées malgré les déceptions, la colère et les frustrations, ceci n'est souvent pas le cas des relations amicales qui deviennent plus facilement tendues et finissent souvent par se dissoudre dans la rancœur et les conflits ou bien dans la froideur et la distance.
En effet, la promiscuité et le sens de l'appartenance font que les relations familiales soient souvent protégées par des valeurs de partage, d'amour, de protection et de pardon. Ainsi, les contrariétés et les émotions gênantes telles que la colère, la frustration ou encore la déception sont plus facilement exprimées et plus rapidement dépassées dans l'environnement familial que dans le cadre des interactions sociales. Ceci semble donner plus de chances aux relations familiales de se construire dans la tolérance, la transparence et la sincérité.
Malheureusement, ces qualités humaines qui nourrissent souvent les relations familiales font souvent défaut dans les relations amicales et ce sont les affects et les exigences cognitives qui prennent le dessus. En effet, quand il s'agit d'amitié, les critères de sélection se multiplient, les attentes deviennent grandes et le moindre faux pas de l'autre est souvent comptabilisé, voire sanctionné.
Pourquoi nous nous montrons moins sages dans les relations amicales?
Comme l'a déjà exprimé Jeau Paul Sartre dans sa célèbre citation philosophique "l'enfer, c'est les autres", c'est notre propre cerveau qui nous joue de mauvais tours lors des relations amicales pour rentrer en conflit avec l'autre puis en souffrir.
Le cerveau est une véritable machine de survie et de positionnement social. Il n'a pas été programmé pour nous aider à être heureux avec les autres ni avec nous-mêmes d'ailleurs. Pour des raisons essentiellement évolutionnaires, le cerveau humain actuel essaie de nous protéger des dangers de la vie, c'est sa priorité fondamentale. Ces dangers peuvent être réels (exp: avoir un accident, tomber malade...) ou imaginés (exp: être blessé ou rejeté à l'occasion de relations affectives...).
C'est ainsi que cette machine de jugement nous dira souvent lors de contrariétés avec nos amis: "il ou elle n'a pas été à la hauteur", "il ou elle est vraiment égoïste", "il ou elle m'a abandonné", "dans la vie, il n'y a pas d'amis", "les gens sont vraiment mauvais" etc... Dans ce même contexte de contrariété, le cerveau nous rappellera également des anciens souvenirs gênants en rapport avec ses mêmes amis. Et c'est à cause de ces paroles et/ou ces souvenirs que nous nous sentirons après déçus, frustrés, tristes, cassés, abandonnés, seuls, ou encore en colère vis-à-vis de nos propres amis.
Pour les mêmes raisons évolutionnaires, le cerveau, générateur de notre malaise, essaiera dans un second temps de nous protéger abusivement de nos propres émotions gênantes et tentera de les éliminer. Le cerveau commencera par ruminer notre vécu douloureux et accentuer ainsi nos ressentiments vis-à-vis des amis puis il finira par nous éloigner totalement d'eux en créant des conflits et en nous incitant à nous en séparer définitivement.
Que faire pour être plus heureux avec ses amis?
1. Apprenez à valoriser l'humain de façon générale (parents, collègues, concitoyens..) et vos amis particulièrement. Aucune relation humaine ne peut fleurir et se maintenir sans une sagesse venant au moins d'un côté. Cette qualité humaine suprême véhiculera spontanément avec elle pardon, tolérance, partage, agréabilité et amabilté.
2. Ne soyez pas jugeant envers les personnes que vous avez choisies de valoriser. Le cerveau scrutera le comportement de vos amis et les jugera malgré vous. Apprenez juste à observer ces idées jugeantes sans chercher à évaluer leur degré de véracité, à sourire et à passer outre leur contenu.
3. Accepter d'être heurté par les personnes que vous avez choisies de valoriser et de ne pas juger. Ressentir des émotions gênantes dans nos interactions avec nos amis est très normal, voire humain. Ne laissez pas quelques interactions gênantes vous pousser à supprimer des amis de la liste des personnes que vous valorisez. Par ailleurs, protégez-vous des personnes perverses qui sont heureusement peu répandues. Reconnaissez-les par la fréquence des émotions gênantes ressenties en leur présence et également par leur sociabilité généralement débordantes.
4. Ayez de la compassion pour vous-même et pour vos amis. En reconnaissant les limites du fonctionnement du cerveau humain (jugeant et abusivement protecteur), vous pourrez avoir un regard plus nuancé des contrariétés rencontrées dans vos relations et vous deviendrez plus indulgent envers vos amis et envers vous-même.
5. Soyez affirmés, autrement dit, assez courageux pour vous comporter de façon transparente et sincère avec vos amis au prix d'un certain degré de malaise pour vous et/ou pour eux.
Entre autres, quoi qu'il arrive, soyez conciliant avec vos amis et faites le pas envers eux. Le temps d'une part et votre attitude courageuse et tolérante d'autre part finira par dissoudre les conflits, renforcer vos liens et rendre votre vie amicale plus riche et plus heureuse.
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